Fermeture de Marineland : quel avenir pour les 12 dauphins promis au zoo de Beauval ?

Les 12 dauphins de Marineland pourraient rejoindre un centre inédit au zoo de Beauval. Mais entre incertitudes financières, délais et critiques d’associations, leur avenir reste fragile.
La fermeture du Marineland d’Antibes en janvier 2025 a laissé derrière elle une question épineuse : que faire des derniers mammifères marins du parc ? Si deux orques sont toujours dans l’impasse, les 12 dauphins du site pourraient prochainement être transférés vers le zoo de Beauval, dans le Loir-et-Cher. Un projet inédit est à l’étude, mais il suscite à la fois espoirs et inquiétudes quant au bien-être des animaux.
Des dauphins prisonniers d’un parc à l’abandon
Depuis plusieurs mois, les 12 dauphins de Marineland survivent dans des bassins vieillissants. Fermé au public et en attente de reconversion, l’établissement n’offre plus les conditions d’accueil nécessaires à leur épanouissement. Des expertises judiciaires sont même en cours pour évaluer l’état des infrastructures, jugées inquiétantes par plusieurs associations.
Les solutions de transfert se sont multipliées sans aboutir. Un temps envisagé, le départ vers le Japon a été abandonné face à l’opposition des ONG. L’Espagne, pressentie par la direction de Marineland, a également refusé, estimant ses installations inadaptées.
Pendant ce temps, les dauphins restent confinés, ce qui alarme les défenseurs des animaux. « L’urgence est là : ces cétacés ne peuvent pas attendre indéfiniment dans des bassins délabrés », martèle l’association One Voice.
Le projet Beauval : un "centre pionnier" ou une nouvelle prison ?
Sous l’impulsion de la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, un plan a été amorcé : construire un centre d’accueil pour dauphins au sein du zoo de Beauval. Ce dernier pourrait accueillir jusqu’à une vingtaine d’animaux, répartis dans plusieurs lagons.
Le directeur du parc, Rodolphe Delord, promet un modèle inédit axé sur trois piliers :
- le bien-être animal,
- la recherche scientifique,
- et la sensibilisation du public.
Pour autant, tout n’est pas simple. Beauval ne dispose actuellement d’aucune structure adaptée aux dauphins. Des travaux considérables seraient nécessaires, estimés entre 20 et 25 millions d’euros. Le projet pourrait ne voir le jour qu’à l’horizon 2027.
« Ce n’était pas prévu dans mes projets initiaux », admet le directeur. « Le gouvernement doit assumer sa part de financement. » En attendant, l’incertitude demeure, et les dauphins pourraient rester bloqués encore de longs mois à Antibes.
Des associations partagées entre soulagement et scepticisme
Pour les ONG, la perspective d’un transfert en France reste préférable à l’exportation vers l’Asie. Sea Shepherd, One Voice, C’est Assez ! et Tilikum’s Spirit saluent « un pas en avant ». Mais elles redoutent que ce projet ne soit qu’une vitrine, sans véritable amélioration pour les animaux.
En effet, les sanctuaires marins en semi-liberté, comme ceux en cours de développement en Italie et en Grèce, semblent offrir une alternative plus respectueuse. À l’inverse, l’intégration des dauphins dans un zoo terrestre interroge : ne risque-t-on pas de reproduire les mêmes conditions de captivité que dans les delphinariums ?
Les grands oubliés : les orques de Marineland
Si une lueur d’espoir apparaît pour les dauphins, les deux orques de Marineland, Wikie et son fils Keijo, restent dans une impasse. Trop grands, trop complexes à accueillir, ils ne font pas partie du projet Beauval.
« Il est impossible de leur offrir des bassins adaptés ici », reconnaît Rodolphe Delord. Une déclaration qui laisse craindre un avenir encore plus sombre pour ces géants marins, déjà au centre de polémiques récentes concernant leur gestion en captivité.
Un symbole de la fin des delphinariums en Europe
Au-delà du cas de Marineland, cette affaire illustre une transition plus large. Les fermetures de delphinariums se multiplient en Europe, laissant près de 65 dauphins sans solution durable. Beauval pourrait devenir un centre pilote, un « premier jalon » vers un réseau de refuges spécialisés.
Mais entre promesses politiques, contraintes financières et pressions des associations, l’avenir des dauphins d’Antibes demeure suspendu à un fil. Seront-ils vraiment les premiers bénéficiaires d’une nouvelle ère ? Ou resteront-ils prisonniers d’un modèle de captivité en mutation ?
Une incertitude qui persiste
Alors que les annonces se multiplient, la réalité est crue : aucun dauphin n’a encore quitté Marineland. La question n’est plus seulement celle du transfert, mais du temps qu’il faudra avant de leur offrir un nouvel horizon. Et pour ces mammifères sensibles, chaque mois passé dans des bassins décrépits est une souffrance de plus.